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MAX BAUER, RÉÉLU PRÉSIDENT DE L'UNIPHOR (PARTENAIRE DE LA COORDINATION RURALE) EN SEPTEMBRE. « Les entreprises ont besoin qu'on leur redonne des armes pour lutter et créer de l'emploi »

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Vous avez été réélu à la tête de l'Uniphor pour un mandat d'un an. Quels sont vos objectifs ?

J'ai effectivement été réélu président en septembre. J'entame également ma dizième année d'engagement syndical. L'Uniphor est le syndicat horticole de la coordination rurale. Dans une conjoncture difficile pour l'ensemble des métiers de la filière, je garde ma détermination pour l'intérêt général. Je reste convaincu qu'il convient de rester une force de proposition. Depuis plusieurs années, nous proposons aux ministères des idées et des solutions nouvelles pour aider les professionnels. Certaines d'entre elles font bouger les lignes, même si elles ont été accueillies avec dédain.

Vous avez récemment manifesté un certain mécontentement concernant le label Fleur de France. Quelle est précisément votre position sur ce dossier ?

Les labels pullulent, c'est malheureusement la première difficulté. La labellisation serait une bonne idée si ce n'était le moyen détourné pour des intermédiaires de toute nature de prendre leur part au passage. C'est d'autant plus surprenant que la plupart des labels sont la transposition des règles européennes. Or, ces règles sont claires et se suffisent à elles-mêmes. Nous avons été les premiers à lancer le débat et nous réclamions uniquement que l'origine des plantes soit marquée sur les étiquettes comme pour les fruits et légumes. Au final, nous avons des structures d'enregistrement, des structures de contrôle, et pour les professionnels, des charges supplémentaires.

Votre organisme a publié dernièrement un communiqué concernant la situation en Russie, dans lequel vous estimez qu'imiter les Russes permettrait de sauver la filière. Qu'entendez-vous par là ?

Les relations politiques entre l'Europe et la Russie sont à l'origine des mesures économiques prises contre les producteurs européens. Les questions phytosanitaires sont un prétexte. Mais le système européen n'est pas exempt de faiblesse. Nous avons défendu plusieurs dossiers qui démontrent que les pays européens n'ont pas toujours le même niveau d'exigence et les mêmes moyens d'y parvenir. Puisque les autorités françaises veulent faire de nous des modèles en matière de contrôle phytosanitaire, qu'elles aillent jusqu'au bout de la logique, qu'elles exigent de nos partenaires commerciaux une sévérité identique à celle qu'elles imposent ici.

Votre organisme est très actif sur la problématique des palmiers dans le sud de la France. Où en est-on dans ce domaine ? Et quel regard portez-vous sur la gestion du dossier Xylella ?

Les ravageurs se moquent des campagnes de communication et des frontières. La question est de savoir si en cas de réel problème la réactivité sera à l'ordre du jour. Pour le charançon du palmier, il a fallu plusieurs années avant que les premières mesures soient envisagées et encore plusieurs années pour qu'elles deviennent effectives sur le terrain. Du coup, l'insecte a bénéficié de cette durée pour s'adapter. Avec Xylella, nous n'aurons pas le luxe d'attendre. Il aurait fallu appliquer le principe de précaution inscrit dans la constitution, qui habituellement nous est imposé pour un oui ou pour un non, et interdire les importations des zones contaminées établies.

De manière générale, comment estimez-vous actuellement le climat des affaires pour vos adhérents ?

Il existe une multitude de réponses à cette question. Nous venons de connaître des années plus que difficiles. Les chiffres donnés pour l'ensemble des métiers de la filière sont là pour le prouver. L'important est de pointer du doigt les véritables problèmes. La production souffre d'un manque de compétitivité accentué par la pesanteur toujours croissante des charges et des obligations. Les secteurs du commerce et du paysage sont toujours ouverts à quiconque souhaite les exercer et les concurrences deviennent plus variées et plus néfastes. Porter tous les efforts sur la communication et l'événementiel ne sert à rien. Les entreprises ont besoin qu'on leur redonne des armes pour lutter et pour créer de l'emploi, et d'une meilleure visibilité sur l'avenir de leur métier.

On estime en général que l'année 2015 a été marquée par un printemps plutôt favorable pour les horticulteurs, une Toussaint qui semble aussi s'être bien passée, mais une situation qui reste compliquée en pépinière. Partagez-vous ce point de vue ?

Je vais continuer sur la lancée de ma précédente réponse. Les exploitations et entreprises de la filière sont plombées par les charges, les contraintes et les distorsions de concurrence. Au final, nous en sommes tous venus à espérer des conditions climatiques clémentes. C'est dramatique.

Pour ce qui est plus précisément des pépinières, l'État français, seul responsable de la modification de la fiscalité sur les stocks, doit enfin admettre sa responsabilité.

Pour vous, quelles sont les décisions qui devraient être prises pour améliorer définitivement la situation de la filière ?

Si quiconque a la solution pour améliorer définitivement la situation, il faut qu'il en fasse part au plus grand nombre dans les plus brefs délais. À défaut d'améliorer définitivement la situation, nous travaillons à la rendre plus vivable pour les professionnels.

Pour le commerce comme pour le paysage il faut que les autorités cessent de croire que ces métiers (fleuristes, paysagistes, etc) sont de simples hobbys. Elles imposent à ces professionnels toujours plus de contraintes. Ces obligations (techniques, phyto, de sécurité, etc) doivent s'appliquer à tous ceux qui exercent ces activités.

Pour la production il faut cesser de vouloir faire les poches des professionnels même si l'on prétend avoir de bonnes raisons de le faire. Toute nouvelle charge est une charge de trop. Sur les dix dernières années les taxes de toutes natures se sont multipliées et pour quel résultat ?

Pour la pépinière plus spécifiquement, comme je l'ai laissé entendre précédemment, il faut relancer le débat sur la fiscalité des stocks.

Propos recueillis par Pascal Fayolle

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